Ou comment voir se réaliser un rêve…
Préambule:
Depuis tout petit je ne m’intéresse pas au football (au sport en général en fait). Je n’ai jamais fait de sport en club ou en amateur, sauf du vélo, de l’escalade, du kayak et du ping-pong avec mes copains quand j’étais au collège et au lycée et ce de manière très ponctuelle – vous remarquerez d’ailleurs que ce ne sont que des jeux individuels. L’esprit de compétition n’a jamais fait partie de moi, gagner ou perdre c’est pareil, le principal dans le sport c’est de se défouler entre amis. Les records du monde sportifs ne m’ont jamais fait frétillé le moindre nerf sensitif. Et pour terminer, depuis mon plus jeune âge j’ai toujours pris un malin plaisir à supporter tous les adversaires de la France, tout sport considéré. Cependant je tiens à préciser que jamais je n’ai eu de mépris pour ceux qui aiment le sport, la compétition et qui supportent nos sportifs nationaux, c’est leur droit le plus strict et je ressens envers tout ceci une bienheureuse indifférence.
Voilà ça c’est dit. Je pense que ce préambule était nécessaire par rapport à ce que je vais dire maintenant.
Dès le début de la Coupe du Monde de Football 1998 j’ai espéré que l’équipe de France soit éliminée au plus vite. Malheureusement le passé nous enseigne que ce ne fut pas le cas. Ma déception à chaque avancée de cette équipe vers la finale fut fatalement croissante, et quel fut mon désespoir de ne pas réussir à trouver le sommeil le soir de la finale où un tas de gens m’a empêché de dormir jusqu’à trop tard en faisant un bruit d’enfer dehors. Je travaillais très tôt le lendemain et m’étais couché à 20h, mais non… Pas possible de dormir…
Ensuite ce furent quatre années d’irritation personnelle pendant lesquelles je devais supporter tous ceux qui n’arrêtaient pas de se vanter de faire partie d’un pays dont l’équipe nationale de football avait remporté la Coupe du Monde 1998 contre le Brésil. Les chiffres 1, 2 et 3, 0 répétés à outrance m’ont porté malchance: les ayant bannis de mon cerveau j’ai en effet eu un peu de mal en physique et en mathématiques au lycée… Et tous ces joueurs champions du monde qui n’arrêtaient pas de passer dans toutes les émissions radiophoniques et télévisuelles, sans compter les publicités, les parrainages et les visites d’écoles… Eux avaient les chevilles gonflées à bloc, moi j’avais l’esprit saturé! Et l’Euro 2000… Rhaaaaa…
Puis vint la Coupe du Monde 2002. Et là quelle ne fut pas ma joie de titiller mes amis amateurs de football lors de l’annonce de l’élimination de l’équipe de France lors de la phase de groupes. J’ai vraiment pris mon pied en pensant que pendant quatre ans j’allais être tranquille. Le football français avait les chevilles à plat.
Mais en 2006, bien que le début fut laborieux, j’ai ressenti un stress grandissant au fur et à mesure de l’avancée des matchs. Jusqu’à cette finale où le suspense était insoutenable: allais-je devoir endurer quatre nouvelles années de tyrannie footballistique à cause de l’Italie? Devrais-je bannir les pâtes de mon régime alimentaire? Heureusement non, les français finirent deuxième. Et le fameux coup de boule de Zidane totalement infustifié et injustifiable, mais tellement jouissif pour mon esprit! Qu’un idole de la jeunesse française perde les pédales devant les caméras du monde entier pour une insulte envers sa mère démontrait bien le je-m’en-foutisme des footballeurs professionnels français vis-à-vis de l’influence de leur attitude sur nos enfants. Franchement, s’énerver ainsi physiquement pour un tel motif, n’est-ce pas un comportement qu’on s’attend à voir dans une cour d’école élémentaire plutôt que de la part d’un représentant de la France dans le monde du sport. C’est bien mon grand, tu sais rester calme et courtois!
La finale de 2006 m’a donc procuré une certaine jubilation grâce à ce coup de boule! Cependant j’ai tout de même éprouvé une honte pour mon pays… En tout cas, j’étais de nouveau tranquille pour quatre ans, et même si la France était vice championne du monde le prestige de son équipe était bafoué à mes yeux par ce coup de boule. Par ailleurs ces années furent celles d’un doute grandissant de tous les amateurs français de football quant à la possibilité de voir leur équipe gagner en 2010. Dieu Domenech leur a donné raison.
Ahhhh 2010. L’Afrique du Sud. L’Apartheid. L’Afrique tout court. L’exotisme. Les mines de diamant. L’exploitation des ouvriers. Mandela. Etc…
Cette Coupe du Monde promettait l’ouverture d’un certain nombre de débats très intéressants qui auraient pu permettre certaines avancées sociales et économiques très intéressantes pour ce continent qui, après tout, n’est « que » le nombril du monde mais qui pourtant crève la dalle, se prend des guerres, des dictatures, des coups d’état, des détournements d’aide humanitaires, des pillages de ressources naturelles et des épidémies dans la face depuis des décennies sans broncher…
Les médias auraient pu s’enorgueillir à raison de profiter de la situation pour développer tous ces sujets pendant un mois (voire plus d’ailleurs vu qu’on parle de cet évènement sportif depuis longtemps). Mais non… Hormis quelques émissions tard le soir sur des chaines à faible audience, les seuls sujets abordés furent les vuvuzelas et les contre performances de notre chère équipe nationale… Super! Génial! Vive la France!
Donc oui, oui, et re oui. Je suis content que l’équipe de France de Football soit éliminée. J’attendais cela depuis 2006. Non pas que les performances des joueurs me chagrinent, à vrai dire je m’en soucie autant que… que… ben autant que rien en fait. Je m’en contrefiche totalement du niveau sportif des footballeurs français. Que ce soit la France ou la Corée du Nord qui gagne, c’est pareil. En fait je suis content que la France soit éliminée pour plusieurs raisons:
- Je vais échapper à quatre ans de chevilles gonflées à bloc dans tous les médias (que ce soit les chevilles des joueurs, des supporters ou de notre cher président de la République…).
- Peut-être, et je dis bien peut-être, que les médias vont enfin se recentrer sur des choses essentielles (mince alors, y a des émissions dédiées au sport, pourquoi remplir le 20h de sport?).
- J’éprouve une certaine satisfaction personnelle – infantile, juvénile et/ou ridicule peut-être, mais je m’en fiche – vis-à-vis de cet défaite, vu que je soutiens tous les adversaires des sportifs français.
- TF1, Nike et d’autres compagnies dont je désapprouve l’idéologie vont perdre un fric monstre.
- Et pour surement plein d’autres raisons que je vais trouver grâce à ma mauvaise foi légendaire…
La main de Thierry Henry contre l’Irlande, l’unique but de l’équipe de France contre l’Afrique du Sud, les vuvuzelas qui énervent tout le monde, le match perdu contre le Mexique, le match nul contre l’Uruguay, Zahia, les enfantillages des joueurs ce week-end, la France en deuil et j’en oublie surement: tout cela a contribué à me mettre de bonne humeur pendant ces deux dernières semaines. Et pour tout cela je voudrais dire merci à tous ceux qui ont participé à rendre ce rêve possible! Un grand merci!!! Bravo!!!!!!
J’espère juste que les joueurs ne seront pas payés pour leur journée de grève d’entrainement. Hein! On n’est pas payés les jours de grève nous! Non mais oh…
Vive l’Irlande, vive l’Uruguay, vive le Mexique, vive l’Afrique du Sud !!!